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Karin Viard

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Karin Viard
Description de cette image, également commentée ci-après
Karin Viard à la cérémonie des Prix Lumières 2015.
Nom de naissance Karin Michèle Viard
Naissance (58 ans)
Rouen (France)
Nationalité Drapeau de la France Française
Profession Actrice
Films notables voir filmographie

Karin Viard, née le à Rouen (Seine-Maritime), est une actrice française.

Elle est l'une des actrices françaises les plus plébiscitées. Nommée treize fois aux Césars, elle en a remporté trois.

Après des débuts difficiles dans les années 1980, l'actrice connaît une ascension rapide durant la décennie suivante, passant de petits rôles remarqués, comme dans Tatie Danielle (1990) et Delicatessen (1991), à des rôles de premier plan dans des films comme La Nage indienne (1993) ou Les Randonneurs (1997), qui lui valent ses deux premières nominations aux Césars. Mais c'est le premier rôle poignant dans le drame Haut les cœurs ! (1999), qui assoit définitivement son talent et lui permet d'obtenir le César de la meilleure actrice et le Lumière de la meilleure actrice en 2000.

Deux ans plus tard, à la suite de Embrassez qui vous voudrez (2002), qui lui vaut cette fois le César de la meilleure actrice dans un second rôle, elle multiplie les seconds rôles, dans des registres divers : le drame Paris (2008), la comédie Potiche (2011) et la comédie dramatique Vingt et une nuits avec Pattie (2015) lui valent ainsi d'autres nominations aux Césars dans cette catégorie. Mais c'est le drame Les Chatouilles qui lui permet d'emporter une seconde fois la récompense.

Ses performances dans Le Rôle de sa vie (2004), Polisse (2011), La Famille Bélier (2014) et Jalouse (2017), lui valent d'autres nominations aux César de la meilleure actrice.

Enfance et adolescence

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Karin Michèle Viard est la fille d'un directeur de plate-forme pétrolière et elle passe ses premières années à Oran en Algérie où son père travaille. Elle a quatre ans quand ses parents divorcent. Elle est envoyée avec sa sœur Nadège à Sainte-Marguerite-sur-Duclair, près de Rouen, chez ses grands-parents maternels, tapissiers-décorateurs à la retraite. Ils élèvent les deux filles, même si elles retrouvent leur mère pendant les vacances[1],[2].

Enfant, Karin Viard n'a pas d'admiration spéciale pour les actrices mais adore des acteurs comme l'Américain Spencer Tracy[3]. Elle est marquée par le rôle de Quasimodo tenu par Anthony Quinn dans Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy[4]. Son rêve de devenir comédienne est alimenté par ses grands-parents qui l’emmènent voir des opérettes. Étant tapissiers, ils avaient d'ailleurs travaillé pour le Théâtre des Arts de Rouen[5]. À 14 ans, Karin Viard participe à l'atelier théâtre du Club Med où sa mère est employée[1].

Elle prend des cours de théâtre au Conservatoire d'arts dramatiques de Rouen aux côtés, notamment de Valérie Lemercier, Alexis Desseaux et Franck Dubosc, sous la direction de Jean Chevrin[réf. souhaitée]. Ensuite, elle décide de partir étudier la comédie à Paris à 17 ans, une fois son bac littéraire obtenu avec mention[5],[2] à l’institution privée Rey de Rouen. Pendant cette période, elle fait des petits boulots alimentaires, comme vendeuse aux Galeries Lafayette ou serveuse dans un Burger King[2].

Karin Viard a souvent abordé la période difficile qu'elle a connue à l'adolescence et lorsqu'elle était jeune adulte. Ayant très peu confiance en elle, elle a connu la boulimie de 17 à 28 ans. Elle s'est affranchie de ses complexes après la naissance de ses deux filles[6].

Vie privée et engagements

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De 1992 à 2017, Karin Viard vit avec Laurent Machuel[7], directeur de la photographie, cadreur et ingénieur du son ; de cette union sont nées deux filles, Marguerite (1998) et Simone (2000).

Depuis 2019, elle est en couple avec Manuel Herrero, réalisateur et producteur de films documentaires sur le sport, qu'elle épouse en juin 2022[8].

Remarquée dans plusieurs films engagés comme Ma part du gâteau et Les Invités de mon père, elle se définit comme étant de gauche mais elle refuse d'étaler publiquement ses convictions politiques ou de prendre des engagements car elle a le sentiment de ne pas assez maîtriser le sujet pour le faire[3].

En 2018, à la suite de la démission de Nicolas Hulot, elle signe, sous l'initiative de Juliette Binoche, la tribune contre le réchauffement climatique intitulée « Le Plus Grand Défi de l'histoire de l'Humanité », qui paraît en une du journal Le Monde, avec pour titre L'appel de 200 personnalités pour sauver la planète[9].

En 2021, au cours d'une émission sur RTL, elle affirme que la Sécurité sociale n'a pas à prendre en charge ceux qui refusent de se faire vacciner contre la Covid-19[10].

En 2022, elle apporte son soutien lorsque la maternité des Lilas est menacée de fermeture[11].

À Paris, Karin Viard suit les cours de théâtre de Vera Gregh et de Blanche Salant, et commence sa carrière de comédienne dans des courts métrages et au théâtre avec des rôles comiques[5]. Elle peine cependant à trouver suffisamment de rôles pour gagner sa vie et doit effectuer à côté divers petits boulots pendant sept ans. Elle est ainsi tour à tour vendeuse, serveuse ou télémarketeuse pour un parti politique[1].

En 1989, Karin Viard obtient tout de même un rôle pour la télévision dans un épisode de la série Les Enquêtes du commissaire Maigret. Elle joue ensuite un personnage plus important dans un épisode de la nouvelle série Maigret avec Bruno Cremer en 1992. En 1989 également, elle est remarquée par Étienne Chatiliez lors d'une audition pour Tatie Danielle. Il lui offre son premier rôle au cinéma[5].

Karin Viard enchaîne ensuite avec un autre second rôle dans un autre film à succès, Delicatessen de Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro. Tatie Danielle et Delicatessen lui permettent de jouer le même type de femme pulpeuse et rigolote, mais l'actrice souhaite s'illustrer avec des personnages plus complexes. En 1993, son vœu est exaucé avec les premiers rôles de La Nage indienne de Xavier Durringer, et Emmène-moi, de Michel Spinosa. Le premier film lui vaut d'être nommée au César du meilleur espoir féminin en 1994. Ce sont ces deux œuvres qui lancent véritablement sa carrière d'actrice et lui assurent la tête d'affiche dans de nombreux autres films[3].

Consécration

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Karin Viard et sa statuette pour le César de la meilleure actrice aux César 2000, pour Haut les cœurs !

Au cours des années 1990, Karin Viard est sollicitée par de nombreux réalisateurs comme Nicole Garcia, Philippe Harel ou Catherine Corsini[1]. Elle obtient le premier rôle féminin de nombreux films au registre souvent léger : Adultère (mode d'emploi) en 1995, Les Randonneurs en 1997 ou La Nouvelle Ève en 1999. Sa notoriété décolle avec le succès des Randonneurs, réalisant 1,5 million d'entrées, « comédie nerveuse »[12], portée par des « acteurs montants »[12], contraints de « suer avec 10 kg sur les épaules »[12], dans les montagnes du GR Corse, le plus sportif des sentiers de grande randonnée, le personnage de Karin Viard y rêvant de son théâtre et d'une idylle dans la langueur d'un club de vacances en bord de mer.

Elle joue aussi dans plusieurs courts métrages ainsi que des films plus graves comme Les Victimes en 1995. Sa participation au premier film de Sólveig Anspach en 1999 affirme son statut de nouvelle égérie du cinéma d'auteur[13]. Haut les cœurs !, film difficile dans lequel elle incarne une femme atteinte d'un cancer, lui apporte définitivement la consécration et lui permet de remporter le César de la meilleure actrice en 2000[1].

L'actrice demeure très active dans les années 2000. En 2003, elle fait partie du jury du festival de Cannes et elle remporte le César de la meilleure actrice dans un second rôle pour Embrassez qui vous voudrez de Michel Blanc. Néanmoins, elle n'est pas jugée suffisamment « bankable » pour jouer dans Bon voyage de Jean-Paul Rappeneau et le rôle pour lequel elle était pressentie est offert à Isabelle Adjani[5].

Actrice populaire et exigeante

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L'actrice à la première de Polisse au Festival de Cannes 2011.

En dehors de certains rôles complexes comme sa prestation dans Les Ambitieux en 2007, Karin Viard privilégie les films simples et populaires au cours des années 2000, comme Les Enfants en 2005. De son propre aveu, elle se trouve mauvaise et insignifiante dans des films peu intéressants qui ne lui plaisent pas[3]. Elle est particulièrement déçue par Les Randonneurs à Saint-Tropez. L'actrice décide alors de mieux choisir ses contrats[3].

En 2008, elle revient au théâtre qu'elle avait quitté depuis ses débuts et joue dans La Estupidez de Rafael Spregelburd[5]. Au cinéma, elle n'accepte de travailler qu'avec de bons réalisateurs, même si les rôles proposés sont secondaires. Elle joue ainsi dans Potiche de François Ozon, Polisse de Maïwenn ou encore Paris de Cédric Klapisch dans lequel elle campe une boulangère raciste, un rôle bref mais jubilatoire pour la comédienne[3]. Elle retrouve Klapisch pour Ma part du gâteau, film engagé dans lequel elle a le premier rôle. Elle précise apprécier ce genre de film militant tout en ayant aussi envie de participer à de gros succès populaires qui lui permettent financièrement de se diversifier vers des films plus confidentiels[3],[14].

Depuis Haut les cœurs !, Karin Viard a été nommée trois fois pour le César de la meilleure actrice : en 2005 pour Le Rôle de sa vie, en 2012 pour Polisse et en 2015 pour La Famille Bélier. Selon Le Figaro, elle est la quatrième actrice française la mieux payée en 2012[15]. Très présente dans le cinéma français, elle n'a néanmoins pas eu d'ambitions internationales car elle ne parle pas l'anglais et rares sont ses films à s'être exportés[16].

En 2019, elle remporte pour la seconde fois le César de la meilleure actrice dans un second rôle pour sa prestation dans l'acclamé drame Les Chatouilles.

Jeu d'actrice

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Karin Viard en 2014, à l'avant-première du film Week-ends.

Karin Viard est une actrice connue pour sa spontanéité et son caractère gouailleur. Nicolas Duvauchelle, son partenaire dans Parlez-moi de vous, a dit qu'« on se sent tout de suite à l'aise avec elle. Elle ne minaude pas, elle est vraie, simple et très drôle. » Étienne Chatiliez, qui lui a offert son premier rôle au cinéma, déclare quant à lui : « il y a de la vie chez Karin ! C'est quelqu'un de sain, d'abordable, elle nous raconte un peu tous[5]. »

Karin Viard se distingue aussi par sa capacité à évoluer entre des films totalement différents et à pouvoir jouer une vaste panoplie de personnages sans montrer d'effort apparent. Elle excelle tout aussi bien avec les personnages drôles, décalés ou burlesques, que les personnages sombres ou antipathiques. L'actrice préfère en général les personnages complexes qui ont beaucoup de potentiel comique ou dramatique et peut travailler très longtemps pour préparer un rôle[3]. Sa métamorphose d'un film à l'autre est parfaitement visible dans La Nouvelle Ève et Haut les cœurs !, sortis la même année et qui ont marqué sa consécration. Dans le premier, elle incarne une femme burlesque, désinvolte et imprévisible, et dans le second, elle est enceinte, atteinte d'un cancer et le crâne rasé[16].

En raison de sa facilité à changer de registre, et pour son aptitude à se rendre immédiatement reconnaissable et accessible pour le spectateur, Karin Viard est parfois comparée à Meryl Streep. Comme l'actrice américaine, Viard sait aussi faire partager au spectateur et au réalisateur son goût et son plaisir du jeu, son intensité dans l'incarnation d'un personnage qui confère à son jeu une authenticité et une présence souvent exceptionnelles[16]. En cela, Cédric Klapisch la rapproche aussi de Jeanne Moreau, Catherine Deneuve et Isabelle Huppert[5]. Le réalisateur, qui a tourné à trois reprises avec l'actrice, pense également qu'elle « fait partie de ces acteurs comme Fabrice Luchini qui sont à la fois intelligents et sensibles[5] ».

Elle est désignée présidente du jury de la 26ᵉ édition du Festival de l'Alpe d'Huez, en [17].

Filmographie

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Longs métrages

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Années 1990

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Années 2000

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Années 2010

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Karin Viard au festival du film de Namur en 2011.

Années 2020

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Courts métrages

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Films avec Karin Viard ayant eu au moins un million d'entrées en France[19].
Films Réalisateur Années France (entrées)
1 Rien à déclarer Dany Boon 2011 8 150 825
2 La Famille Bélier Éric Lartigau 2014 7 336 297
3 Polisse Maïwenn 2011 2 413 914
4 Potiche François Ozon 2010 2 318 221
5 Tatie Danielle Étienne Chatiliez 1990 2 151 463
6 Les Visiteurs : La Révolution Jean-Marie Poiré 2016 2 125 440
7 La Haine Mathieu Kassovitz 1995 2 042 070
8 Paris Cédric Klapisch 2008 1 723 642
9 Le code a changé Danièle Thompson 2009 1 626 878
10 Embrassez qui vous voudrez Michel Blanc 2002 1 528 784
11 Les Randonneurs Philippe Harel 1997 1 422 318
12 Delicatessen Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro 1991 1 407 818
13 Le Grand Partage Alexandra Leclère 2015 1 050 699
14 Ma part du gâteau Cédric Klapisch 2011 1 025 838

Télévision

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Autres participations

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Films d'animation
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Livres audio

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Discographie

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  • 2007 : Participe au projet musical de Stéphane Pompougnac, Hôtel Costes. Apparition dans l'album Hôtel Costes, Vol. 10: Dix, piste 13 : Rouge Rouge Feat. Karin Viard - Et Toutes Ces Choses..., originellement réalisée en 2005.
  • 2009 : I Can't Speak English, chanson écrite par Anaïs présente sur l'album Le bal des actrices.

Distinctions

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Karin Viard à la cérémonie des Césars 2015, nommée pour La Famille Bélier.

Globes de cristal

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Festival de Montréal

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Festival de Sarlat

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Décorations

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Notes et références

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  1. a b c d et e « Biographie de Karin Viard », Gala.
  2. a b et c Nathalie Rouiller, « Hyperactrice » sur Libération, 23 novembre 2015.
  3. a b c d e f g et h Pierre Murat, « Karin Viard : “A 12 ans, je voulais être Spencer Tracy” », Télérama, .
  4. Interview sur France Inter dans Boomerang 07 /11 /2017.
  5. a b c d e f g h et i Nathalie Simon, « Parlez-moi de Karin Viard », Le Figaro, .
  6. Catherine Schwaab, « Karin Viard : "J'ai perdu un temps fou à me détester" », Psychologies.
  7. « Biographie de Laurent Machuel », Femme actuelle, 30 juin 2017 (lire en ligne, consulté le 09 février 2019).
  8. https://www.closermag.fr/people/karin-viard-en-couple-qui-est-son-compagnon-manuel-herrero-1102867.
  9. « Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité : l’appel de 200 personnalités pour sauver la planète », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. « Karin Viard pousse un gros coup de gueule contre les anti-vaccins », sur Femme Actuelle, (consulté le )
  11. Rachida Bettioui, « La maternité des Lilas, symbole des droits des femmes, menacée de fermeture en juin prochain », sur France 3 Paris Ile-de-France, (consulté le )
  12. a b et c "Les Randonneurs : les vacances… en marche", par Olivier De Bruyn, dans Les Echos le 11 août 2021[1]
  13. a et b « Karin Viard, le naturel au galop », La Croix, .
  14. Sarah Louaguef, « Karin Viard évoque le succès de "La famille Bélier" », Paris Match, .
  15. Chloé Lacourt, « Karin Viard : “On prend peu de plaisir dans la vertu” », Madame Figaro, .
  16. a b et c Mick LaSalle, The Beauty of the Real : What Hollywood Can Learn from Contemporary French Actresses, Stanford University Press, , 248 p. (ISBN 978-0-8047-8207-4, lire en ligne), p. 113.
  17. « Festival de l'Alpe d'Huez : Karin Viard sera la présidente du jury de la 26e édition », sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes (consulté le )
  18. Lucile Auconie, « Grignan : ils ont tenté leur chance au casting du film Madame de Sévigné », France Bleu, (consulté le ).
  19. jpbox-office.com.
  20. Décret du 13 novembre 2009
  21. « Nomination dans l'ordre des Arts et des Lettres – été 2022 », sur www.culture.gouv.fr (consulté le )

Liens externes

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